The Transat. Richomme et Lipinski en tête

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Charlie Dalin a céder sa place de leader à Yoann Richomme ce mercredi qui, patient, a joué juste au niveau météo. En Class40, Ian Lipinski a bien accéléré et se retrouve un peu devant ses principaux adversaires.

Yoann Richomme sur son imoca Paprec Arkéa devance désormais Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) qui a eu un des petits soucis à bord de son bateau et qui concède sa première place. Les deux ex-skippers Macif semblent rejouer leur Solitaire du Figaro à l’époque où ils bataillaient aux premières places en Figaro. Derrière eux, Paul Meilhat a bien joué le coup et prend la 3e place devant Sam Davies et Boris Hermann. A noter que Benjamin Ferre qui a fait une super course avec son Imoca à dérives a informé son équipe de problème technique survenu à bord de l'IMOCA Monnoyeur – Duo For a Job.

Ian Lipinski (Crédit Mutuel) a pris de l’avance ce vendredi matin en devançant Fabien Delahaye (LEGALLAIS), Ambrogio Beccaria (Alla Grande – Pirelli) et Nicolas d'Estais (CAFÉ JOYEUX). ALors qu’Aurélien Ducroz a signalé son abandon. Le skipper de Crosscall a fait face mercredi à la casse de la cosse-cœur du câble du J2 (trinquette) et s’est trouvé, par ricochet, privé de cette petite voile d'avant. « La situation était gérable mais il ne fallait pas que ça empire. Franchement il y a beaucoup de mer et beaucoup d'air et on se sent vraiment tout petit au milieu de tout ça. »

Chez les Vintage, en arrière de la flotte, Patrick Isoard (Uship pour Enfants du Mekong) fait toujours course en tête. Ce matin, le Trinitain, qui bénéficie d'un bateau beaucoup plus performant et rapide que celui de son concurrent, venait d'aborder la fin du contournement de la dépression après « une nuit mouvementée proche du centre dépressionnaire avec des vents erratiques, de la pluie, des grains et de nombreuses manœuvres ». Dans son sillage, Rémy Gerin (FAIAOHAE) ferme la marche, et accusait 184 milles de retard sur le leader au pointage de 17h.

© DR

Un abandon, un démâtage, des avaries et une escale technique

L'Atlantique Nord n'est pas tendre avec les marins de The Transat CIC. Suite à l'avarie sur son bout-dehors survenue le 29 avril, Quentin Le Nabour (Bleu Blanc Planète Location) a officialisé son abandon ce matin. Clarisse Crémer (L'Occitane en Provence), qui a constaté hier une avarie au niveau de la cloison du J3 de son bateau, se déroute actuellement vers les Açores pour évaluer et réparer les dommages constatés. Goulven Marie (QWANZA) a quant à lui informé la Direction de Course du démâtage de son Class40 à 8h25 TU ce matin. Il fait actuellement route vers un port breton sous gréement de fortune. De son côté, Axel Tréhin (Project Rescue Ocean) a heurté un objet dérivant hier en fin d'après-midi. Le marin fait route vers un port où il évaluera les différentes options possibles. Enfin, Aurélien Ducroz (CROSSCALL) déplore la casse de son étai de J1 (solent).

Ils ont dit

Paul Meilhat (Biotherm, IMOCA) : « J'essaie d'avoir une trajectoire assez directe parce qu'il y a un peu de variabilité sur la prévision météo et je n'ai pas envie de me retrouver trop vite sur un extrême. Vu la position de la dépression, j'estimais que c'était plus intéressant de couper la dorsale au plus sud pour pouvoir jouer encore des options derrière. On fera le point ce soir et demain. C'est sympa d'avoir ces conditions. Ce n'est pas une transat que l'on fait au portant normalement. On est contents d'avoir un peu de chance même si c'est un parcours qui est assez dur parce qu'il y a du vent fort. On a déjà eu plus de 40 nœuds de vent hier et on aura la même chose cette nuit et demain matin, un peu plus abattu donc ça sera plus facile. L'ETA est assez rapide pour l'instant ce qui est normal car on fait quasiment une route directe et qu'en plus, on la fait au portant, ou au moins sans tirer des bords de près. Mais il y a encore une incertitude sur comment on va réussir à contourner cette dépression et la fin est assez incertaine. C'est très engagé mais c'est sympa de naviguer dans ces conditions sur les IMOCA ».

© The Ocean Race

Yannick Bestaven (MAITRE COQ V, IMOCA) : « Ce matin c'est assez compliqué, les conditions sont dures, il y a beaucoup de vent et de mer. On ne peut pas aller trop vite avec le bateau sinon il plante dans les vagues, donc j'adapte la toile en fonction. J'essaie de rester dans le groupe, en conservant une bonne vitesse. J'ai malheureusement été ralenti hier suite à la casse d'un bout de descente de foil. Cela m'a bien ralenti le temps de faire la réparation que j'ai réussi à faire. Ensuite je suis revenu cette nuit pour rester dans le paquet de tête. Physiquement, c'est dur car ça tape beaucoup, je n'ai presque pas dormi cette nuit. Il y a encore 5 à 6 heures dans ces conditions et ça devrait se calmer en milieu d'après-midi. Ça me permettra de checker MAITRE COQ V, actuellement c'est impossible de faire le tour. »

Justine Mettraux (Teamwork – Team SNEF, IMOCA) : « J'ai choisi de faire ma pénalité hier soir dans la dorsale anticyclonique. J'ai essayé de trouver un moment où il n'y avait pas trop de vent et où mes concurrents n'iraient pas trop vite pour ne pas perdre trop de terrain sur eux. Au final, c'est toujours dur de savoir entre la prévision et le vent que l'on a sur le moment. J'aurais certainement dû la faire un tout petit poil plus tôt, mais c'est comme ça. On va avoir du vent fort cet après-midi et ce soir pour aller contourner une petite dépression par son nord donc l'idée est de gagner dans le sud-ouest en faisant attention au matériel, toujours. Pour l'instant, je suis plutôt contente de ma course et de la bagarre avec mes concurrents. Les conditions sont engagées pour nous depuis le début, c'est encore le cas maintenant (à 6h50 TU). Je me concentre surtout sur le fait de préserver le matériel et moi-même, de naviguer assez en sécurité. »

© Gauthier Lebec

Nicolas d'Estais (CAFÉ JOYEUX, Class40) : « J'ai Ambrogio (Beccaria, Alla Grande – Pirelli) en visu. Quatre jours après le départ d'une course, c'est toujours sympa. Ça n'arrive pas souvent. J'ai eu deux-trois petits soucis que j'ai réussi à gérer, notamment un petit délaminage sur un raidisseur de fond de coque dans un choc avec une vague. Une fissure est apparue. J'ai réussi à coller des plaques pour réparer ça. C'était cool d'avoir ce répit dans la dorsale que l'on traverse maintenant, qui est une sorte d'accalmie pour nous entre les deux dépressions. C'est assez bienvenu. Ça permet de faire le tour du bateau, de ranger, de bien manger, de se reposer avant d'attaquer la suite. On va se retrouver dans le nord d'une dépression avec beaucoup de vent, au portant. Ça va être assez engagé pendant deux-trois jours. A mon avis, les vitesses des bateaux vont être assez affolantes. Il ne faudra pas trop se laisser aller. L'enjeu est de garder le bateau et le bonhomme en un morceau, et si on va tout feu tout flamme dans cette dépression comme on a parfois l'habitude de faire, il peut y avoir un accident qui gâche tout. Il faut savoir maîtriser sa vitesse et l'engagement qu'on met dans la course. »

Patrick Isoard (Uship pour Enfants du Mekong, Vintage) : « Au vu du nombre d'abandons, je ne regrette pas ma stratégie. Certes, j'ai perdu du temps et je suis ce matin à 300 milles derrière les leaders en Class40 mais je suis toujours en tête de la catégorie Vintage. C'est aussi un de mes objectifs. Maintenant, j'ai devant moi une perspective de descente vers les Etats-Unis durant plusieurs jours en route directe. C'est génial, je vais pouvoir dormir un peu plus. Je prends beaucoup de plaisir, je lis, j'écoute de la musique et je cuisine malgré l'inconfort du bateau. »

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